Ça c’est quand Valentine propose à Céleste de venir tester une petite sélection de la ludothèque. Des enfants de profs, donc. On ne l’entend pas beaucoup en REP. Globalement, on est plus sur du Fornite.

Les jeux de société qui permettent de travailler des compétences logico-mathématiques, sociales, et langagières restent peu présentes dans les familles de milieu défavorisés, tandis qu’elle se présente comme une évidence chez les bobos. Ce qui, bien sur vient encore creuser les écarts et les inégalités.

Bien souvent, les équipes enseignantes de REP ont bien en tête de venir compenser le manque d’accès aux livres grâce à des projets avec les bibliothèques et des emprunts de livres fréquents. De la même manière, il est possible de rendre accessible les jeux de société à tous et toutes.

Voici quelques propositions.

Avant de commencer, une petite précision : on parle bien ici de vrais jeux de société, avec une boite en carton mignonne, des pions en bois et tout ça. On ne parle pas des arnaques d’instits ! Mais si vous savez de quoi je parle, « le mistrigri des conjugaisons » « les dominos des synonymes », bref ces trucs plastifiés au demeurant très sympas à utiliser en classe pour s’entrainer et mémoriser, mais soyons honnêtes, Valentine et Céleste n’y jouent pas lors de leur soirée jeux.

Jouer en classe

Oui on sait, dans l’emploi du temps, y’a pas tout qui rentre. Mais soyons dingues, pendant deux périodes, intégrons une plage de 30 minutes par semaine de jeux de société.

Exemple de jeux pour le Cycle 2 :

Halli Galli (pour travailler les décompositions)

Qui est-ce ? (la catégorisation)

La bataille (la comparaison)

Les 7 familles (la déduction)

Les dames (l’anticipation)

Labyrinthe (déplacements, anticipation)

Tic Tac Boom (la catégorisation)

Gobblet Gobblers (anticipation)

Bazar Bizarre (catégorisation)

Pourquoi avons-nous choisi ces jeux-là ?

Ce sont des jeux rapides, les règles sont faciles à comprendre (pas de lecture de règles pendant des heures avant de jouer). Pas besoin du dernier jeu Habba en gay star dans les magasins de jeux, ces jeux là travaillent les compétences cognitives et sociales qui nous intéressent.

Emprunter des jeux (pour jouer à la maison)

Une fois par semaine, les élèves empruntent un jeu auquel ils ont déjà en classe. Cela nécessite un investissement de départ (merci le Bon Coin, Emmaus, Vinted et les vides greniers !!) D’un point de vue pratique, les jeux sont rangés dans tes Tote Bag numérotés. Il faut juste cocher le jeu emprunté dans le tableau récapitulatif.

Bien sur, petite angoisse du lundi matin : auront-ils tous ramené leur jeu ? Dans quel état ? La carte déchirée par la petite sœur, le Halli Galli mangé par le chien (authentique) ça arrivera, et ce sera très énervant ; mais juste après, il y a aussi Mohamed qui dit : « maitresse, j’ai joué aux dames avec mon papa. J’ai fait 4 dames et je l’ai gagné ! »

Une veillée avec les parents

Quand les enfants ont une bonne connaissance des jeux proposés dans la classe, pourquoi ne pas inviter les familles ?

Et oui, pour les enfants c’est la joie de rester à l’école pour y jouer, vivre un moment privilégié entre elleux et aussi avec la maitresse.

C’est aussi ouvrir l’école pour un temps convivial, avec des horaires parfois plus accessibles pour tout le monde. Les parents peuvent s’y retrouver, passer un bon moment avec leurs enfants et les copains de enfants.

Du côté de l’instit, c’est rencontrer les familles différemment, pas pour discuter du niveau scolaire des gamins mais simplement pour jouer ! C’est sûrement nouer un lien de confiance avec les plus méfiant·es, c’est aussi contribuer à une ambiance de classe plus sereine.

Certes, ça demande un peu d’investissement personnel, c’est encore une soirée passée à l’école (jusqu’à 19h ou 19h30, ça suffit largement pour passer un chouette moment).

Perso, j’en décompte une partie de mes APC ou des réunions parents….peut-être que c’est malhonnête …ou pas : finalement c’est aussi un temps d’apprentissage, que perso, je trouve plus porteur qu’une demi-heure de lecture pénible entre midi et deux !

Niveau organisationnel, prévoir un petit goûter sur un temps délimité pour éviter que la soirée devienne une soirée bouffe ; proposer aux familles d’apporter des jeux de la maison pour être sure d’avoir suffisamment de jeux pour tout le monde ; prévoir deux espaces (deux classes par exemple) pour ne pas être trop serré·es.

Franchement, ce sont des chouettes moments à vivre dans l’école : faut absolument que j’en refasse une bientôt !