Commençons par l’histoire, ça se passe comment ?
« Maitresse, tu dis les hommes préhistoriques… Elles étaient où, les femmes ? » C’est ce que m’a demandé une élève une année. « M’enfin Martinette, quand je parle des hommes préhistoriques, ça veut dire les Hommes, tu sais, les humains. Bien sûr qu’il y avait des femmes ! » Rebelote une autre année. Samerlipopette, j’ai loupé un truc.
C’est tellement habituel d’oublier de parler des femmes à la Préhistoire. Pareil pour les autres périodes historiques. Faut se rendre à l’évidence, on ne parle que d’hommes en voulant parler d’Hommes, on ne présente que des grands personnages masculins. La boulette.
– J’ai donc commencé par modifier les documents que j’utilise pour mes ateliers d’histoire. Ça peut faire brouillon mais ça a le mérite d’attirer l’œil.
Contrairement aux bouquins docu jeunesse que j’ai utilisés, confettis sur Nathan pour le manuel “Mes missions pour questionner le monde” qui m’a évité une réécriture:
– J’y pense, dans l’album Cromignon : “En attendant le retour des chasseurs, les mamans cassent des os pour sucer la moelle”. D’où on laisse s’installer l’idée que seuls les hommes chassaient alors que c’est une vision du XIXème siècle ? Perso, j’ai modifié le passage quand je l’ai lu aux élèves.
– Pour créer une image mentale plus proche de la réalité, j’ajoute à l’oral trois mots. Simple, efficace, certains élèves ont même attrapé mon tic de langage :
– Du très lourd: Titiou Lecoq <3 En plus, elle a sorti un bouquin à destination des enfants : “Les femmes aussi ont fait l’Histoire”. Coeurs sur elle. J’avais commencé à préparer mes cours et cet article avec “Les grandes oubliées”, recouvert de post-it (et de larmes de rage), c’était du boulot. Maintenant je peux directement lire des passages aux élèves à la fin des séquences et il est à leur disposition sur un présentoir. Il y a toutes les époques historiques, franchement, c’est assez accessible et les illustrations sont extras.
– En lecture suivie, « le feuilleton d’Artémis » de Murielle Szac a sa place près des autres feuilletons de la série sur la mythologie que l’on exploite souvent en classe.
En parlant de mythologie, on est d’accord que pour expliquer le polythéisme, on dit aux élèves que c’est croire en plusieurs dieux ET DÉESSES. On n’oublie pas les badasses, coucou Athéna.
Un document qui nous informe que 12 des dieux de l’Olympe sont hyper importants, avec la moitié qui sont des femmes ? On peut ajouter deux mots à l’oral et à l’écrit, ça mange pas de pain comme disait ma grand-mère.
– Pour nourrir les exposés des élèves, on n’oublie pas de proposer des figures féminines sur le thème. Je pense à un exposé sur l’esclavage où j’avais ressorti l’histoire de la reine Nzingha Mbandi, reine de l’actuel Angola qui menait des combats contre les Portugais jusqu’à… piouf, vieille. J’avais trouvé son histoire dans le bouquin “Ni vues ni connues” du collectif Georgette Sand et partagé une vidéo d’après la BD de Pénélope Bagieu “Culottées” sur cette reine.
Et en EMC ?
– Penser à vérifier les vieux documents qu’on utilise : j’avais depuis longtemps une fiche toute prête pour le conseil des élèves, la trame du déroulé, qu’iels doivent lire. Je n’ai remarqué que récemment la pépite sexiste : “le président – la secrétaire”. Comme quoi, il reste du boulot.
– L’affichage des émotions, réservoir d’adjectifs, n’avait la place que pour du point médian. Note au passage: les œuvres d’art sont à piocher dans l’article des femmes artistes.
– Un projet sur les stéréotypes de genre ? Deux sites dont je me sers : EMC Partageons https://www.emcpartageons.org/decouvrez/ et Jouer l’égalité https://www.jouerlegalite.fr/ressources/
Pour que chaque élève « se sente bien, sans qu’on l’emmerde » on présente, on affiche et on laisse à disposition les affiches d’Elise Gravel et les bandelettes d’autodéfense antisexiste de Maman Rodarde.
Pour rajouter un essentiel sur les stéréotypes, l’extraordinaire « Roule Ginette » qui doit remplacer le poussiéreux « Roule Galette ».
Dans la vie quotidienne et avec le matériel
– L’étiquette du cahier d’écrivain.e est accordé le jour de la rentrée pour les filles. Il est modifié en point médian sur le programme du jour et les élèves comprennent très bien.
– Le tableau des responsabilités et la déco de porte sont des aides lors de la leçon sur le féminin des noms.
– Sur les étiquettes-mots, on n’oublie pas de botter le cul aux stéréotypes.
- Le meilleur pour la fin, un autre bouquin à inonder de post-it: « Entrer en pédagogie féministe » d’Audrey Chenu et Véronique Decker. Sous forme d’abécédaire, des idées pour améliorer ses pratiques en classe.
Voilà pour ce qu’on a chez nous, partagez vos petits trucs !