Au cours de mes études en histoire de l’art, je me souviens d’une dissertation dont le thème était « La femme dans l’art ». J’avais eu une note assez bonne, j’étais fière d’avoir recraché tout mon cours : la femme est soit un modèle (souvent à poil), soit une muse. Il n’y a qu’à partir des années 70 que la femme devient artiste. Basta. Des allégories, des personnages de scènes bibliques, des meufs de, des performeuses.

Seize ans plus tard, je tombe sur une autre réalité, celle des femmes empêchées, celles qui avaient galéré, celles qui sont oubliées. Aïe, je ne propose effectivement à mes élèves que des artistes masculins. Pire, c’est pareil dans les manuels d’HDA que j’ai consultés : comptez le nombre d’artistes féminines listées dans le sommaire des vôtres… effarant.

Ce qui signifie qu’un élève passe ses premières années à croire que les femmes ne dessinent pas, ne sculptent pas, ne créent pas. En gros, ne pensent pas quoi. Ou elles le font tellement mal qu’elles ne valent pas le coup qu’on en parle ou qu’on les accroche.

Guerrilla girls

Pour déconstruire cette idée, l’air de rien, je balance à mes élèves le croquis d’un lion de Rosa Bonheur. Ils restent toujours bouche bée devant.

J’ai lu quelque part qu’un prof des écoles finissait ses séances d’arts plastiques en n’affichant que les dessins de ses élèves filles jusqu’à avoir une réaction. C’était sa situation de départ pour débattre de l’injustice de la sous-représentation des femmes artistes dans les musées. À garder en tête.

Si le sujet des femmes dans l’histoire de l’art vous intéresse, il faut absolument vous procurer le bouquin d’Eva Kirilof, « Une place: réflexion sur la présence des femmes dans l’histoire de l’art ». De l’humour pour des infos super intéressantes, sous forme de BD. On comprend bien comment elles ont été empêchées pour privilégier les hommes, on apprend énormément.

Pour pouvoir alterner mes propositions d’œuvres, j’ai commencé une liste de femmes plasticiennes dans laquelle je pioche pour mes diverses séances. Servez-vous !